Par Grégoire BOUTIGNON, Amaury DURAND, Clélia MARTY, Jean-Christophe MENARD, Grégoire POTTON et Philippe ROMAN

 

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L »essentiel

La bataille du diagnostic a été gagnée. La théorie du réchauffement climatique rencontre de moins en moins d’opposants audibles. Les effets de l’activité humaine sont de plus en plus visibles sans qu’il ne soit plus nécessaire d’extrapoler des courbes de température ou d’événements climatiques anormaux pour tirer le signal d’alarme. Tous les pouvoirs décisionnaires de la planète s’accordent sur le constat que la situation est critique.

La bataille qu’il faut désormais mener est celle de l’action, du courage et de la persévérance. Il faut réussir à gravir une montagne que beaucoup estiment inattaquable : l’amoncellement de milliards de comportements anti écologiques, souvent non intentionnels, mais reflets d’une culture de consumérisme forcené et de gaspillage d’énergie.

La révolution de l’énergie peut venir de toute une jeune génération qui a grandi dans un monde où le respect de l’environnement et des milieux de vie ont pris leur place dans les consciences, un monde où les groupes sociaux spontanés ont pu montrer leur puissance et leur réactivité, un monde où le travail n’est plus un acquis.

Les membres de Cartes sur table qui ont grandi dans ce contexte et se considèrent citoyens d’une Europe qu’ils espèrent plus politique, s’inscrivent pleinement dans une démarche volontariste qui repense les vecteurs de décisions, compte sur l’engagement de tous et non la vue éclairée d’un seul, et a très bien compris que dans une transition, le chemin est aussi important que la destination.

Notre génération est prête à se lancer dans ce que Jérémy Rifkin appelle la 3ème Révolution Industrielle. Elle se sent le besoin d’agir, d’agir ensemble, de manière responsable et collective pour créer un élan qui finira par s’imposer dans la sphère politique. N’ayons pas peur d’imaginer des réseaux d’énergie intelligents, de redoubler de vigueur dans la recherche sur l’énergie propre embarquée, de penser nos habitations de demain comme autant de briques élémentaires de notre production d’énergie : géothermie au sous-sol, éolien sur les façades, solaire sur le toit.

Cette révolution passe par une redéfinition de notre rapport à l’énergie : nous aurons besoin demain de toutes les ressources non-fossiles que notre environnement peut nous apporter.

Cette révolution passe par un changement d’échelle qui ne concerne pas seulement nos périmètres d’activité : il est primordial de repenser la coordination internationale, le niveau de financement, le niveau de décision, la place des citoyens dans l’élaboration de la règle de droit, etc.

Nous faisons trois propositions qui tiennent compte de cet impératif de repenser les échelles pertinentes dans un objectif d’efficacité. Les principes de subsidiarité et de suppléance doivent nous guider. Les échelons disponibles sont très (sans doute trop ?) nombreux : international, continental, régional interétatique, national, régional infra-étatique, départemental (en France), intercommunal, communal. A chaque instant, une question doit précéder l’action politique : quelle entité est la plus à même de prendre en charge la responsabilité d’une action publique ?

Nous défendons, quand elle est nécessaire et efficace, une subsidiarité ascendante, c’est-à-dire un abandon de compétence au profit d’un échelon supérieur. La coordination doit être européenne. Notre première proposition : créer un gestionnaire de réseaux électriques européen pour une coordination européenne des réseaux.

Nous souhaitons que la deuxième échelle, celle de participation et de décision, soit citoyenne. Notre deuxième proposition : créer des régies énergétiques communales et intercommunales pour une gestion locale de l’énergie.

L’échelle de financement doit être enfin repensée. Notre troisième proposition : faire de la BPI la « Banque française de la révolution énergétique ».

Repenser les échelles pertinentes – de coordination, de décision et de financement – pour conduire enfin la transition énergétique : telle doit être l’ambition de notre génération, celle de la démocratie énergétique.

 

 

Lire la tribune publiée par Cartes sur table dans Le Monde

 

Lire la tribune publiée par Cartes sur table sur nonfiction.fr

 

Lire le compte-rendu du colloque par le site Journalistes écrivains pour la nature et l »écologie

Lire l »interview d »Agathe Cagé dans Enerpresse du 8 avril 2013