Par Brieuc CUDENNEC, Azad HOUSSAIN et Mehdi MAHAMMEDI-BOUZINA

 

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Sur le plan politique, la fiscalité des ménages revêt un enjeu symbolique extrêmement fort en France, pays de l’égalité. Nicolas Sarkozy a traîné, durant son quinquennat, le bouclier fiscal, voté une année avant le début de la crise, comme un boulet. La suppression des heures supplémentaires défiscalisées, sans doute justifiée sur le plan budgétaire et pour lutter contre le chômage, a été pour François Hollande l’une des premières décisions fortement contestées de son début de mandat en venant accroître l’impôt sur le revenu réglé par les salariés, appartenant souvent à la classe moyenne.

Alors que la majorité est en train d’adopter le dernier budget de plein exercice de sa mandature, il convient de s’interroger sur l’efficacité de la politique fiscale menée par le Président Hollande. Pour ce faire, il est nécessaire d’analyser la fracture qui a pu exister entre ce dernier et l’opinion en matière de lisibilité de l’impôt et de confronter ce ressenti à la réalité de la politique fiscale effectivement menée. Nous présenterons ensuite des perspectives pour ajuster au mieux la fiscalité des ménages.

 

1. La fiscalité, un enjeu éminemment politique

Annoncé sans ambiguïté, le grand défi que s’est lancé François Hollande était ambitieux : « rentrer dans l’Histoire » en réformant la France afin de mieux la préparer au monde d’aujourd’hui et de briser les inégalités qui la rongent depuis la crise économique.

La fiscalité est bien l’un des domaines où le Président Hollande était attendu au tournant. Premier président socialiste de la Vème République, François Mitterrand avait mis en place dès 1982 l’Impôt sur les Grandes Fortunes (IGF et ancêtre de l’ISF) afin d’instaurer une mesure forte et symbolique de lutte contre les inégalités. Ancien auditeur à la Cour des comptes, déjà réputé avant son élection pour ses compétences en matière de fiscalité, le candidat François Hollande, avait grandement axé sa communication sur le rétablissement de la justice fiscale. N’est-ce pas sa proposition fracassante d’instaurer une nouvelle tranche de l’impôt sur le revenu à hauteur de 75% pour les gains excédant un million d’euros que la gauche a principalement retenu de sa campagne électorale ?

Et pourtant, à l’heure actuelle, sortir du flou pourrait être le cri de ralliement de la majorité.

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