Par Maxime GFELLER et Jean-Baptiste MAUVAIS

 

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Alors que le président de la République s’apprête à annoncer une extension du service civique lors de sa conférence de presse du 5 février prochain, l’idée de renforcer les dispositifs en faveur de l’engagement citoyen des jeunes pour lutter contre les fractures sociales semble rencontrer un consensus assez large dans son principe.

Il en va autrement lorsqu’il s’agit d’évoquer ses modalités concrètes, qui font débat au sein même de la majorité. Si le groupe PS à l’Assemblée nationale a annoncé travailler sur une proposition de loi pour créer un « service national républicain » d’une durée de six mois qui concernerait tous les jeunes de 16 à 25 ans, le ministre de la ville, de la jeunesse et des sports Patrick Kanner a quant à lui fait part de son hostilité à l’égard d’un engagement qui serait rendu obligatoire. De son côté, François Chérèque, le président de l’Agence du service civique, rappelle que trois quart des demandes de service civique ont dû être refusées en 2014, et que sa généralisation se traduirait par un coût annuel de 3 milliards d’euros par an.

L’engagement citoyen que nous proposons, centré sur les formations sélectives de l’enseignement supérieur, résulte d’une approche plus pragmatique et repose sur des objectifs clairement définis.

 

L’essentiel

Les responsables politiques et économiques de notre pays sont de plus en plus accusés d’être déconnectés des réalités sociales. S’il leur appartient de répondre à ces accusations, il nous semble qu’en creux, c’est la formation de ces responsables qui devrait être visée et repensée. Les efforts entrepris pour diversifier le recrutement de nos établissements d’enseignement supérieur au cours des dernières années n’ont pas été suffisants. On ne peut plus se contenter aujourd’hui d’en ouvrir un peu plus grand les portes d’accès ; il est temps de repenser l’ouverture des formations vers la société civile à travers leurs dimensions éthiques, sociales et citoyennes. C’est en ce sens que nous proposons l’instauration d’un engagement citoyen de terrain, concret et pratique, commun à l’ensemble des formations de type Master et Grandes Ecoles.

L’engagement citoyen que nous proposons est issu d’une réflexion globale intégrant l’ensemble des dispositifs existants et prenant en compte les expériences innovantes du domaine. Il constitue d’abord un juste retour des choses : la société investit énormément dans l’enseignement supérieur et il est naturel que ceux qui en bénéficient le plus directement s’engagent dans un dispositif qui profite à tous. Le deuxième objectif est de renforcer la cohésion sociale en mettant les étudiants au contact de la société civile dans toute sa diversité. Pour les étudiants, cet engagement est un moyen de se confronter à la réalité concrète de notre pays, parfois éloignée de leur quotidien, et de développer l’esprit de responsabilité qui leur sera indispensable dans leur vie professionnelle. Judicieusement intégré au cursus académique, un engagement citoyen concret permettra enfin d’incarner, d’interroger, voire de remodeler les connaissances académiques en leur apportant l’expérience et la pratique du concret.

S’agissant des modalités de l’engagement et à l’heure de l’autonomie des universités, il faut tenir compte de la diversité des populations auxquelles s’adresse l’engagement citoyen : un dispositif national qui s’appliquerait indifféremment et unilatéralement à l’ensemble des étudiants apparaît illusoire. Nous sommes convaincus que le seul espoir de voir l’engagement citoyen s’ancrer de manière durable dans le cursus des étudiants est que chaque établissement élabore un projet d’engagement citoyen qui lui soit propre. Nous proposons ainsi un éventail de dispositifs flexibles étayés par des exemples concrets de dispositifs existants dont chaque établissement aura vocation à s’inspirer pour bâtir une offre cohérente en phase avec ses spécificités. Les engagements citoyens envisageables sont ainsi très nombreux : visite à des personnes âgées ou auprès d’enfants malades à l’hôpital, organisation d’événements culturels dans des quartiers situés loin du centre-ville, engagement au sein d’associations agréées et partenaires – Restos du cœur, Secours populaire, Croix Rouge –, visite de lieux du patrimoine à destination de publics éloignés de telles pratiques culturelles, pour n’en citer que quelques-uns.

Nous proposons enfin la création d’une agence chargée d’évaluer les dispositifs, de les certifier et de contribuer à leur financement. Forcer les établissements ou les laisser libres d’adopter ou non un dispositif semblent deux voies vouées à l’échec, c’est pourquoi nous proposons plutôt d’instaurer une incitation forte à faire de l’engagement citoyen un élément central de leurs formations à travers des financements dédiés. Ayant la liberté d’élaborer un dispositif en cohérence avec son projet, chaque établissement pourra ainsi faire preuve de créativité dans son approche, de sorte que chaque dispositif, conçu et adapté pour répondre avec autant de précision que possible aux problématiques spécifiques de responsabilisation, verra son impact démultiplié.

 

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Lire la tribune Ouverture sociale des grandes écoles : l’avenir d’une illusion publiée dans Libération.

 

Lire la brève publiée par L’Etudiant-EducPros.

 

Lire l’article consacré au rapport par Le Figaro Etudiants.

 

Lire l’article consacré au rapport dans Le Monde Campus.